Rupture distale du biceps brachial

Définition

La rupture distale du biceps brachial est une lésion du tendon du biceps au niveau de son insertion sur l’extrémité supérieure du radius.
Le biceps est un muscle bi articulaire. Au niveau de l’épaule, il possède une double insertion tendineuse : l’une dans l’articulation au niveau du tubercule supra glénoïdien, l’autre en dehors de l’articulation au niveau de l’apophyse coracoïde, qui donne naissance à deux chefs musculaires, qui fusionnent en un volumineux corps musculaire à la partie antérieure du bras. Il se termine par un long tendon qui s’insère sur la tubérosité bicipitale au niveau de l’extrémité supérieure du radius. Il participe à la flexion du coude, mais surtout à la supination de l’avant-bras : mouvement de rotation de la paume de la main vers le ciel, qui permet de nombreux gestes (soulever, serrer, tourner, visser).
Comme le biceps possède une double insertion au niveau de l’épaule, la désinsertion d’une de ses attaches à l’épaule peut être palliée par l’autre et n’entraîne pas forcément de conséquence fonctionnelle majeure. En revanche, ce muscle n’a qu’une insertion distale au niveau du coude. Si cette insertion est rompue, cela entraîne une importante gêne fonctionnelle, notamment lors de l’utilisation en force. On observe une augmentation de la fréquence des lésions distales du biceps, du fait de la pratique croissance d’activité sportive et de loisir. Elles surviennent le plus souvent chez des hommes, autour de la cinquantaine, lors d’un mouvement de flexion en force du coude, entraînant un arrachement brutal du tendon distal.

Symptomatologie

Lors du traumatisme, une douleur intense est ressentie à la face antérieure du coude, souvent associée à une sensation de claquement.
Dans les jours qui suivent, une ecchymose apparaît à la face antérieure du coude et de l’avant-bras, puis la douleur s’estompe et la mobilité du coude semble revenir, donnant l’impression que la blessure a récupéré. En effet, deux autres muscles (le brachial antérieur et le brachio radialis) prennent en partie le relai pour assurer la flexion du bras. Cependant, seul le biceps permet les mouvements de flexion supination en force : sa lésion entraîne une impotence fonctionnelle, et surtout une sensation de perte de force dans les efforts de soulèvement.
Le diagnostic de désinsertion distale du biceps est fait le plus souvent à l’examen clinique. Celui-ci est généralement explicite : douleur à la palpation de la face antérieure du coude, ascension du corps musculaire à la partie antérieure du bras (signe de Popeye), diminution de la force lors des mouvements de flexion et de supination.

Imagerie

S’il existe un doute à l’examen clinique, une échographie et surtout une IRM peuvent être utiles pour confirmer le diagnostic de rupture, préciser le niveau de la lésion et apprécier l’importance de la rétraction du tendon.

Traitement

Un traitement orthopédique peut être proposé dans certains cas, surtout s’il existe une demande fonctionnelle très limitée et que la lésion n’entraîne pas de handicap au quotidien. Dans ce cas, une rééducation est prescrite afin de permettre une récupération progressive de la mobilité et de traiter l’hématome post lésionnel.
Si la désinsertion du biceps entraîne une impotence fonctionnelle, un traitement chirurgical est indiqué pour réaliser sa réparation. Celle-ci doit être réalisée assez rapidement après le traumatisme. En effet, le tendon a tendance à se rétracter rapidement, et au-delà d’un délai de 4 à 6 semaines après la rupture, la reconstruction nécessite une greffe tendineuse prélevée au niveau du genou, rendant l’intervention beaucoup plus complexe.
Dans les lésions récentes, on peut proposer une réinsertion distale qui consiste à refixer le tendon sur la tubérosité bicipitale du radius, afin que le biceps puisse retrouver sa fonction.
Plusieurs techniques de réparation existent : à ciel ouvert, par technique mini open ou endoscopique, avec fixation par un ou deux incisions. Les traitements par endoscopie ou mini invasifs sont de plus en plus utilisés, car ils permettent de diminuer les risques chirurgicaux. L’utilisation de dispositif de fixation de plus en plus performant permet également de diminuer la durée d’immobilisation post opératoire et une rééducation précocement après l’intervention chirurgicale.
En général, l’immobilisation post opératoire est prévue pour quelques jours, permettant la reprise des activités du quotidien ; le port de charges lourdes reste interdit jusqu’à la fin de la sixième semaine post opératoire. La reprise des activités sportives et des travaux manuels, imposant des contraintes mécaniques importantes sur le bras, est autorisée à la fin du troisième mois.