Raideur du coude

Définition

La raideur articulaire du coude est une diminution de l’amplitude des mouvements. Elle survient le plus souvent après un traumatisme (fracture, luxation) mais peut aussi s’observer dans le cadre d’une atteinte articulaire : arthrose, rhumatisme inflammatoire, pathologie de la membrane synoviale. Il est rare qu’ils apparaissent de novo.
On distingue :
– les raideurs d’origine intrinsèque, du fait d’une atteinte du cartilage articulaire, d’adhérences ou de rétraction capsulaire, d’incongruence articulaire ou de l’existence de butoir osseux (ostéophytes, corps étrangers),
– les raideurs d’origine extrinsèque, liées à des contractures musculaires, à des ossifications péri articulaires ou à des rétractions cutanées.
Quelle que soit l’origine de la raideur, celle-ci est pathologique à partir du moment où elle crée un handicap. La perte de quelques degrés de mobilité en flexion ou extension n’est pas grave : tant qu’il est possible de plier son coude à 130°, de l’étendre jusqu’à 30° et que la rotation de la main est possible dans un secteur de 100°, la raideur a peu d’impact sur les activités de la vie courante, seules certaines activités sportives ou manuelles deviennent difficiles.
En revanche, si l’amplitude de mobilité est plus réduite, elle entraine une impotence fonctionnelle, surtout si la raideur en flexion extension est combinée à une raideur en prono supination.

Symptomatologie

La première consultation chirurgicale, à travers de nombreuses questions, permet d’évaluer le retentissement et l’impotence fonctionnelle liée à la raideur du coude : êtes-vous droitier ou gaucher ? Quel travail exercez-vous ? Quelles activités de loisir ou sportives pratiquez-vous ? Êtes-vous déjà tombé sur le bras, le coude, la main ? Avez-vous déjà été opéré du coude ?
L’examen clinique permet de mesurer le secteur de mobilité, de rechercher une instabilité associée et de vérifier l’absence de déficit vasculo nerveux. L’objectif est d’identifier la cause de la raideur et le handicap qu’elle génère.

Imagerie

Le bilan d’imagerie comprend :
– des radiographies permettant de visualiser les extrémités osseuses, de rechercher une déformation en cal vicieux, l’existence d’une nécrose osseuse ou des signes d’arthrose,
– une IRM pour une analyse plus précise du cartilage articulaire et des structures ligamentaires,
– un arthroscanner, nécessaire pour apprécier le volume articulaire, analyser plus précisément les structures ligamentaires, et rechercher des lésions intra articulaires et d’éventuels corps étranger.
S’il existe une atteinte neurologique, un électromyogramme est prescrit pour avoir une évaluation précise des lésions.

Traitement

Avant d’envisager une intervention d’arthrolyse (geste de libération articulaire), en fonction de la pathologie à l’origine de la raideur articulaire, un traitement médical peut être proposé avec un protocole de rééducation spécifique pour une durée de 3 mois, parfois associée à une infiltration intra articulaire de dérivé cortisonique, et au port d’attelles posturales.
Une intervention chirurgicale est indiquée si la perte de mobilité est supérieure au secteur utile (30° à 130° en flexion extension, 50° en supination et 50° en pronation) et si la raideur empêche de réaliser les gestes nécessaires au travail ou à la pratique des activités quotidiennes, de loisir ou sportives.
L’arthrolyse du coude consiste à exciser tous les éléments qui limitent les amplitudes articulaires : adhérences, excroissance osseuse, corps étrangers. L’objectif est de restaurer une mobilité la plus proche possible de la normale
L’arthroscopie est une technique chirurgicale moins invasif qu’une opération à ciel ouvert, mais elle ne peut pas s’expliquer à toutes les situations. Elle est réservée aux raideurs peu importantes, sur des coudes peu abîmés (arthrose primitive, séquelles de fracture) et n’ayant pas connu d’intervention majeure, nécessitant des voies d’abord chirurgicales extensives.
En effet, chaque intervention chirurgicale crée des adhérences cicatricielles, ce qui rend le geste chirurgical plus difficile et plus risqué. De plus, le trajet anatomique des nerfs peut avoir été modifié, ce qui augmente le risque de lésion accidentelle avec les instruments d’arthroscopie. Pour les situations plus complexes, l’intervention sera donc réalisée à ciel ouvert.
Dans tous les cas, le but du traitement chirurgical est de libérer largement l’articulation afin d’obtenir la meilleure mobilité post opératoire. La rééducation est débutée précocement : elle comprend une mobilisation en flexion extension et en prono supination, ainsi qu’un travail postural en extension et en flexion dans le secteur de mobilité obtenu en fin d’intervention. Une prise en charge au centre de rééducation peut être proposée, notamment en cas de raideur articulaire sévère. Le traitement antalgique post opératoire fait appel à un traitement anti-inflammatoire et à l’utilisation de cryothérapie compressive. L’utilisation d’appareil de mobilisation passive continue et d’attelles posturales peut être associé à la kinésithérapie. Ces attelles posturales sont confectionnées en fin d’intervention ou en cours de rééducation, afin de permettre le travail spécifique d’un secteur de mobilité, dont la récupération peut s’avérer plus difficile à obtenir. La rééducation peut durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois, et les modalités sont évolutives en fonction de la récupération de la mobilité articulaire.