Fracture de l'olécrâne

Définition

Lors d’une chute avec réception sur le coude, l’ulna (aussi appelé cubitus) est l’os le plus directement exposé. Son extrémité supérieure, appelée olécrane, forme la pointe du coude en arrière : tout traumatisme direct peut entraîner une fracture plus ou moins complexe.
L’olécrâne ressemble à un bec, qui vient s’articuler avec l’extrémité inférieure de l’humérus pour former une articulation de type charnière, permettant la mobilité en flexion et en extension du coude. Une membrane fibreuse épaisse relit l’ulna et le radius, le deuxième os de l’avant-bras, pour permettre les mouvements de rotation de la main (prono supination). Deux petites articulations à la partie haute et basse de ces deux os permettent le déplacement du radius autour de l’ulna.
En cas de traumatisme, le(s) trait(s) de fracture peuvent être variés et on distingue :
– les fractures simples, avec 1 ou 2 fragments osseux,
– les fractures complexes, dans lesquelles la fracture comprend de multiples fragments osseux,
– les fractures de Monteggia, associant fracture de l’olécrâne et luxation de la tête radiale,
– les fractures luxations trans olécrâniennes, associant une fracture communitive de l’extrémité supérieure de l’ulna, dans laquelle l’extrémité inférieure de l’humérus est luxée.

Symptomatologie

À la suite du traumatisme, il apparait rapidement un œdème puis un hématome prédominant à la face postérieure du coude. La mobilité en flexion et en extension est souvent limitée du fait de la douleur. L’aspect de la peau en regard de la fracture est observé, car il peut survenir une contusion, ou une plaie nécessitant une prise en charge en urgence.
Parfois, il peut exister des picotements et des fourmillements au niveau des quatrième et cinquième doigts, témoignant d’une irritation du nerf ulnaire située sur la face médiale de l’olécrâne.

Imagerie

Le bilan d’imagerie comprend des radiographies de face et de profil pour les fractures simples. En cas de fracture complexe, un scanner avec des reconstructions tridimensionnelles est réalisé, afin d’effectuer une analyse complète des différents fragments osseux et des déplacements.

Traitement

Les fractures non déplacées de l’olécrâne peuvent être traitées orthopédiquement avec immobilisation par attelle pendant 3 semaines. Ces fractures non déplacées sont rares, et la plupart des fractures de l’olécrâne relèvent d’un traitement chirurgical. Cependant, il existe une exception à cette règle : chez les personnes très âgées, ayant une ostéoporose importante, présentant une fracture simple, on peut proposer un traitement fonctionnel incluant une immobilisation par attelle de courte durée et une rééducation précoce.
Le choix de la technique chirurgicale dépend de la complexité de la fracture. Le but du traitement chirurgical consiste à réduire la fracture, c’est-à-dire à repositionner les différents fragments fracturés, et les fixer (ostéosynthèse) afin de les maintenir en bonne position et favoriser leur consolidation. Le système de fixation peut faire appel à un brochage haubanage, qui sera plutôt utilisé dans les fractures simples, tandis que l’ostéosynthèse par plaque sera réservée aux fractures complexes, associant de nombreux fragments osseux et/ou une luxation. L’ostéosynthèse par plaque permet de redonner à l’ulna sa longueur initiale, condition nécessaire pour permettre la réduction d’une luxation associée de la tête radiale.
En cas de fracture comminutive, une greffe osseuse est parfois nécessaire pour reconstruire l’olécrâne. Du fait des risques de complication cutanée (difficulté de cicatrisation, nécrose de la peau), il est nécessaire d’opérer rapidement ces fractures.
Dans tous les cas, l’immobilisation post opératoire doit être de courte durée, afin de débuter précocement la rééducation et permettre une récupération rapide de la mobilité et éviter toute raideur séquellaire.