Arthrose du coude

Définition

L’arthrose du coude est une pathologie articulaire liée à l’usure puis à la destruction du cartilage articulaire. L’arthrose primitive survient plus ou moins tôt dans la vie, dans le cadre du vieillissement naturel de l’articulation du coude : un caractère familial est observé dans certain cas, sans élément génétique direct. Les travailleurs manuels lourds, ainsi que les sportifs de haut niveau, sont plus souvent concernés et plus précocement par cette arthropathie, du fait d’une sur sollicitation mécanique de l’articulation.
L’arthrose secondaire survient quelques années après un traumatisme, une atteinte rhumatismale ou une pathologie synoviale. Contrairement à l’évolution de l’arthrose primitive, la détérioration du cartilage n’est pas la cause du problème, mais la conséquence.
Il peut s’agir :
– d’une séquelle d’un traumatisme, ayant affecté l’articulation du coude. Les fractures articulaires et les luxations entraînent des lésions du cartilage articulaire lors du traumatisme. Même si les traitements réalisés ont permis une réduction anatomique des fractures et de l’articulation, les lésions cartilagineuses vont évoluer pour leur propre compte dans les années qui suivent le traumatisme. Elles sont source de douleurs et de limitation progressive de la mobilité.
– d’une atteinte rhumatismale, à type de polyarthrite rhumatoïde ou de rhumatisme inflammatoire chronique. Ces pathologies articulaires entraînent une inflammation de la membrane synoviale, à l’origine des lésions du cartilage évoluant vers une destruction progressive de l’articulation. Cette évolution arthritique est moins fréquente de nos jours du fait du développement de nouveaux traitements médicaux (biothérapie).
Quelle que soit la cause, l’arthrose n’évolue pas de façon linéaire dans le temps, mais par poussées successives. La destruction du cartilage entraine des douleurs, parfois intenses, à l’origine de difficulté à la mobilisation de l’articulation. Après quelques semaines, la poussée se résorbe, avec parfois une perte de mobilité. La situation reste ensuite stationnaire jusqu’à la poussée suivante. Plus l’arthrose évolue, plus les épisodes douloureux sont fréquents et durent longtemps, jusqu’à ce que les douleurs et les difficultés à la mobilisation deviennent permanentes.

Symptomatologie

Lors des poussées, il existe une douleur au niveau de l’articulation du coude, au repos et lors de la mobilisation. En cas d’arthrose primitive, les douleurs sont surtout ressenties en fin de mouvement de flexion et d’extension. Pour les arthroses secondaires, les douleurs existent sur l’ensemble de l’arc de mobilité. Il existe parfois des sensations de craquement articulaire et des phénomènes de blocage, liés à des petits débris dans l’articulation ; une perte de force est souvent ressentie à ce stade.

Imagerie

Le bilan d’imagerie comprend :
– des radiographies de face et de profil, permettant une analyse de l’architecture osseuse et une première évaluation des lésions arthrosiques,
– un arthroscanner autorisant une analyse complète de l’articulation : zones d’usure du cartilage, volume et localisation des ostéophytes, présence de corps étrangers intra articulaires, compression neurologique associée.
D’autres examens peuvent être également demandés : IRM pour analyser les éléments tissulaires péri articulaires, électromyogramme s’il existe des signes d’irritation neurologique, en particulier du nerf ulnaire.

Traitement

En cas de crise douloureuse, une période de repos articulaire, parfois associée à des traitements contre la douleur et/ou anti-inflammatoires, sont préconisés. Les infiltrations de cortisone peuvent être utiles en cas d’épanchement articulaire important, permettant d’en activer sa résorption. Les infiltrations d’acide hyaluronique (visco supplémentation), visant à reproduire le liquide articulaire, sont parfois proposées entre les poussées douloureuses, si l’arthrose est encore un stade modéré.
Le traitement chirurgical est proposé lorsque l’ensemble des traitements médicaux ne permettent plus de soulager la douleur et de résorber l’épanchement articulaire.
Le débridement avec arthrolyse sous arthroscopie a pour but de nettoyer l’articulation et de réséquer les éléments pathologiques responsables de la douleur et limitant la mobilité articulaire : résection d’ostéophyte, ablation de corps étranger, libération de la capsule articulaire. Même si elle ne guérit pas l’atteinte arthrosique et que le processus de destruction du cartilage continue à évoluer, elle en supprime les symptômes avec un effet bénéfique pour quelques années. L’intervention étant réalisée par arthroscopie, elle ne nécessite pas de grande incision ni de désinsertion musculaire, elle est donc moins invasive et moins sujette aux hématomes et infections qu’une opération à ciel ouvert. S’il existe des signes cliniques d’irritation du nerf ulnaire, un geste de libération, parfois associé à une transposition antérieure du nerf, est réalisée.
En cas d’arthrose évoluée, une prothèse totale de coude est proposée pour remplacer l’articulation, l’état actuel des connaissances ne permettant pas de reconstruire le cartilage articulaire détruit. Il existe plusieurs types de prothèse et le choix est guidé par l’importance de l’arthropathie et l’atteinte éventuelle des structures périarticulaires. La technique chirurgicale a évolué avec une amélioration au niveau des voies d’abord, permettant de préserver le plus possible les muscles péri articulaires, notamment le triceps, afin de permettre une meilleure récupération fonctionnelle après l’intervention.