Arthrose de l'épaule

Définition

L’arthrose de l’épaule correspond à une atteinte de l’articulation gléno-humérale, entre la tête de l’humérus (os du bras) et la surface articulaire de l’omoplate, appelée glène.
Au cours du vieillissement naturel de l’épaule, on peut observer des altérations progressives du cartilage articulaire, conduisant progressivement à une arthrose, se traduisant par des douleurs évoluant sur plusieurs années avec une aggravation progressive au fil des mois. Lorsque la dégradation du cartilage articulaire est importante, les douleurs s’intensifient, pouvant devenir quasi permanentes, et on observe souvent une perte progressive de la mobilité de l’épaule, notamment dans les mouvements de rotation : mouvement d’ouverture du bras, en position coude corps (rotation externe) et mouvement de rotation interne, permettant de mettre la main dans le dos.

La seconde évolution possible est une altération progressive des tendons de la coiffe des rotateurs, ceux-ci ayant des rapports anatomiques très intimes avec l’articulation de l’épaule. On observe une usure progressive avec d’abord un amincissement, puis des fissurations, conduisant peu à peu à la rupture. Lorsque la rupture des tendons est étendues, celle-ci entraine un dysfonctionnement progressif de l’articulation de l’épaule, avec une altération progressive de l’articulation conduisant à l’arthrose.

Symptomatologie

L’examen clinique est très utile pour apprécier les douleurs, la mobilité globale de l’épaule et évaluer la capacité fonctionnelle. Si les douleurs sont liées à l’arthrose, il existe une douleur à la mobilisation, parfois associée à des phénomènes de craquement, avec une perte progressive des amplitudes de mouvement, notamment en rotation. Les lésions tendineuses entraînent, elles aussi des douleurs, des difficultés dans certains mouvements de l’épaule, mais surtout une sensation de perte de force ou de fatigabilité lors de l’utilisation du bras.

Imagerie

Le bilan d’imagerie comprend des radiographies standards qui permettent d’apprécier la morphologie globale de l’épaule et évaluer l’importance de l’arthrose.
L’IRM permet d’analyser la continuité des tendons de la coiffe des rotateurs, la qualité des masses musculaires de celle-ci et du deltoïde, et de dépister l’existence d’un épanchement inflammatoire dans la bourse sous acromio deltoïdienne, située au-dessus des tendons de la coiffe des rotateurs, ou d’une arthropathie acromio-claviculaire associée (articulation entre l’extrémité latérale de la clavicule et l’acromion, qui est une excroissance osseuse de la partie latérale de l’omoplate).

Si la mise en place d’une prothèse est envisagée, il est indispensable de réaliser un scanner qui permettra une évaluation complète des structures osseuses : dépistage d’une éventuelle usure glénoïdienne, évaluation du centrage de la tête humérale par rapport à la surface articulaire de l’omoplate avec dépistage de subluxation de la tête humérale dans le plan horizontal et une ascension de celle-ci dans le plan frontal, faisant suspecter une lésion de la coiffe des rotateurs. De plus, le scanner est maintenant très utile pour la planification pré opératoire, qui permet de simuler la position des futures pièces prothétiques grâce à des logiciels spécifiques.

Traitement

Dans les stades précoces de l’arthrose, on peut proposer des traitements médicaux avec la réalisation d’infiltration de cortisone ou de visco-supplémentation, correspondant à une injection d’acide hyaluronique permettant de « recréer » artificiellement le liquide articulaire. Le nombre d’infiltration est toujours limité car elle augmente le risque d’infection post opératoire en cas de mise en place d’une prothèse.
Lorsque l’arthrose est plus évoluée, on peut également proposer un lavage avec synovectomie sous arthroscopie. Cette intervention peut être intéressante pour soulager les douleurs et améliorer un peu la fonction, si l’arthropathie survient chez des patients jeunes et qu’il est nécessaire d’attendre avant d’envisager une arthroplastie.

Lorsque l’arthrose a atteint un stade évolué, l’option thérapeutique à discuter est la mise en place d’une prothèse totale d’épaule. Deux grands types de prothèse existe :
Deux grands types de prothèses existent :

– des prothèses totales d’épaule dite « anatomiques », qui nécessitent que la coiffe des rotateurs soit intacte. Ces prothèses comprennent une partie métallique, qui recrée la surface articulaire au niveau de la tête de l’humérus, et une partie en polyéthylène (sorte de plastique très résistant), qui permet de recréer la surface articulaire au niveau de l’omoplate. Ces prothèses permettent un bon soulagement des douleurs et une récupération des amplitudes articulaires, notamment en rotation. La durée de vie moyenne de ces implants est de l’ordre d’une quinzaine d’années : la faillite est observée soit par usure des implants, notamment au niveau de l’omoplate, soit par lésion secondaire des tendons de la coiffe des rotateurs.

– des prothèses totales d’épaule dite « inversées », qui sont proposées lorsqu’il existe une atteinte importante des tendons de la coiffe des rotateurs, n’autorisant pas la mise en place d’une prothèse anatomique. Celles-ci sont dites inversées, car la partie convexe de la tête humérale va basculer sur la surface articulaire de l’omoplate et la partie plate de l’omoplate va basculer sur l’humérus. Ce concept prothétique a été développé il y a plus de 25 ans par le Professeur Grammont, chirurgien français exerçant à Reims, permettant de soulager les douleurs et de redonner des amplitudes articulaires, car la fonction prothétique est assurée par le muscle deltoïde (muscle du galbe de l’épaule). Ces prothèses ont une durée de vie un peu plus courte, d’environ une dizaine d’années, car les phénomènes d’usure sont plus rapides et elles donnent un résultat plus mitigé dans les mouvements en rotation.

Ces interventions sont maintenant bien codifiées : l’hospitalisation est de 24 à 48 heures ; en général, il n’est pas nécessaire de prévoir une immobilisation postopératoire, mais des soins de kinésithérapie sont indispensables pour permettre une récupération progressive de la mobilité articulaire et faire un travail de renforcement progressif du deltoïde. La reprise des petits gestes du quotidien est possible dès le lendemain de l’intervention, permettant de garder une certaine autonomie pour les actes de la vie courante (habillage, toilette, préparation des repas). Pour les activités plus importantes, celles-ci sont autorisées à partir de la fin du troisième mois post opératoire. Pour les gestes très en force, il est prudent d’attendre la fin du sixième mois postopératoire pour autoriser leur reprise.